Vanessa, Virginia, Jean-Paul et la pluie

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Mardi, troisième jour de ce road-trip express, et je m’aperçois que je ne vous ai pas parlé de ce qui nous a occasionné, lundi, un superbe fou-rire. Sur l’appli mobile de guidage routier dont je me sers, la voix électronique de Vanessa, que j’utilise en France, est généralement remplacée sans préavis, à l’approche de l’Espagne, par une Penélope qui parle castillan avec des intonations un rien caricaturales : a doscientos metros, girar a la derechaaaa. Je venais d’avertir Florence de ce phénomène récurrent autant qu’inexpliqué, mais au lieu de cela, voici que Vanessa, toujours elle, se met à parler… anglais, avec un accent français à couper à la hache. At ze raoûnd eubaoût, tek ze seurd exit. Cela dure une bonne centaine de kilomètres puis, à mesure que nous avançons en terre hispanique, Vanessa recouvre peu à peu son français et finit, vers Bilbao, par parler entièrement gaulois à un détail près : la virgule, qui s’appelle toujours comma. Dans 1 comma 2 kilomètres, tourner à gauche. On va voir ce que ça donne au retour !

Mardi donc. Petite pluie intermittente, ce n’est pas assez pour nous décourager, nous avons embarqué les chaussures de marche, il faut les utiliser. Nous suivons le conseil de notre affable hôtelier et partons en promenade au phare (hello Virginia W.), emmitouflées chacune dans un coupe-vent avec capuche. Un chemin aménagé, entièrement pavé de grandes dalles de béton, nous emmène sur quatre kilomètres jusqu’au phare du Cabo Mayor, nous offrant d’abord une vue superbe sur la plage de Sardinero, d’où nous venons, puis deux petites plages dans des criques abritées et l’arrivée, logiquement venteuse, au phare. Photos :

Un café et un sobao au bistrot en face du phare, une visite au centre d’art contemporain qu’il héberge (oui, bof) et nous revenons par le même chemin, rejoignons à 12 h 30 notre fidèle destrier Jojo et partons pour Santillana del Mar. C’était prévu pour l’après-midi, mais la météo s’annonce un tantinet hostile à partir de 14 h.

Santillana del Mar fait sa pub en citant Jean-Paul Sartre qui l’a qualifiée de « plus jolie ville d’Espagne ». C’est en effet une très belle vieille ville aux rues pavées remplie de maisons blasonnées, d’une collégiale du XIIè siècle, de restaurants et boutiques à touristes. Nous l’arpentons et entrons dans le premier resto à touristes venu, cuisine franchement pas terrible mais juste à temps pour échapper à la drache monumentale qui s’abat à 14 h 15. Florence découvre au passage la machine à verser le cidre et ça lui plaît.

Désolée pour la mauvaise qualité des images, ce sont pour certaines des pixels de malinphone, la batterie de l’appareil photo ne tient plus la charge.

La pluie a cessé ; nous achetons des sobaos à l’échoppe d’un fabricant local que nous dérangeons au beau milieu de la retransmission d’un match de foot de la plus haute importance, puis reprenons la direction de Santander après un crochet par Comillas, station balnéaire très prisée localement mais un poil décevante.

Après un temps de repos (nous avons fait plus de 12 km à pinces dans la journée et la grimpette à 20 % de lundi est encore dans nos jambes), la soirée sera consacrée à un tapeo en bonne et due forme, qui se terminera à la cave-épicerie fine de la veille parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Service enjoué et hyper-efficace, produits d’exception traités avec le respect qui leur est dû : un modèle du genre. Tellement exemplaire que Flo et moi commençons, entre deux Terras Gauda qui escortent un queso azul de hoja à tomber par terre, à échafauder un business plan pour notre retour en France.

Mercredi, on continue, toujours vers l’ouest !

Un makila, un téléphone, du chocolat, du maroilles… et plus si affinités.

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Lundi 22, Florence a souhaité visiter la fabrique de makilas Ainciart-Bergara à Laressore. Facile, nous dormions à juste 5 km. Nous arrivons à Laressore, visitons l’exposition permanente, un impressionnant témoignage d’amour du travail bien fait et de transmission de génération en génération. Je décide qu’il est temps de ne plus tergiverser et passe commande d’un makila qui sera fin prêt au moment où – sauf coup de Trafalgar – je ferai valoir mes droits à la retraite. Rendez-vous dans un peu plus de deux ans. Pour les images, je ne ferai pas mieux que le site de l’entreprise, allez-y.

Nous partons ensuite pour Bayonne, changement de programme puisque la visite d’une boutique de téléphonie n’était pas du tout inscrite dans notre planning. Nantie d’un tout nouveau malinphone, je guide Florence vers les Arceaux (officiellement la rue Port-Neuf) où nous faisons quelques emplettes de chocolat : Cazenave est fermé le lundi, hélas, mais Daranatz est ouvert. Ce billet de blog commence à ressembler à du placement de produits, mais il est des valeurs intemporelles qui ne relèvent pas du marketing mais du patrimoine immatériel. Ainciart-Bergara, Cazenave, Daranatz et quelques autres en font partie. Suivez les liens, vous comprendrez.

En remontant la rue Victor Hugo, un jeune homme qui fait la manche nous interpelle devant une supérette et nous demande, non de l’argent, mais de lui acheter… un maroilles. Sitôt dit, sitôt fait, Florence, tout étonnée d’elle-même, entre dans la supérette, dégote un maroilles, le règle et l’apporte au jeune mendiant.

Visite rapide de la cathédrale, puis du cloître pour lequel je professe un amour tout profane. Ci-dessous une tentative de restitution d’émotion :

Un tour par le Petit Bayonne, un déjeuner sympathique au bord de la Nive et nous partons enfin en direction de l’Ouest. Une étape avant Santander : la visite de San Juan de Gaztelugatxe, cet ermitage, presqu’île, micro-muraille de Chine. Las : l’accès au site commence par une descente très raide de plus d’un kilomètre qui vous fusille les genoux et augure mal du trajet retour. Nous rebroussons chemin à 200 mètres du bas de la falaise : il est plus de 17 h 30 et il nous reste encore près d’1 h 30 de trajet en voiture. La remontée est coriace et prend du temps, avec une pente de 15 à plus de 20%. Si vous voulez un conseil, visitez le site, il est magnifique, mais évitez les jours de cagnard et prévoyez la journée.

Nous abordons enfin à Santander, bel appart-hôtel à deux pas de la plage de Sardinero où l’on nous conseille sur les endroits à voir et les lieux pour se restaurer. Nous suivons les conseils et nous faisons bien. Florence fait connaissance avec, et je retrouve avec délices, les gildas aux anchois frais et la cecina de vaca d’une cave-épicerie fine hautement recommandable à deux pas du Casino.

Demain, longues balades en perspective. A demain !

Road-trip à deux en Espagne du nord, 1

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Dans la vie civile, Florence est ma cheffe. Comme elle a une fâcheuse tendance à ne jamais décrocher du boulot, même pendant ses vacances, j’ai eu l’idée saugrenue de lui proposer une balade ensemble pour une semaine, avec une condition : pas plus de deux heures de téléphone portable par jour. A ma grande surprise elle a accepté, et nous voici parties toutes les deux en direction de l’Espagne nord.

Bon, ça ne pouvait pas commencer tout simplement. A 10 h 30 dimanche, appel de détresse : Florence ne trouve pas mon chez-moi, l’appli mobile la fait tourner en rond, ou plutôt en triangle, depuis un quart d’heure. On n’était pas loin, un peu de radio-guidage et tout rentre dans l’ordre. Un café et nous voici parties à bord du fidèle Jojo III (si vous suivez ce blog, vous comprenez ; si vous ne comprenez pas, suivez ce blog).

Il est onze heures. Il serait bon d’estimer notre heure d’arrivée à notre première destination, j’attrape le téléphone : mort. Mort de chez mort. Il était encore en vie il y a une demi-heure, et là, encéphalogramme plat sans préavis. Mort subite du téléphon. Dommage : tous les itinéraires, les réservations, les projets de randonnées etc. étaient enregistrés dessus. Il faut vous dire que Florence est connue pour avoir un fluide négatif avec les outils électroniques. Même les miens, apparemment. Qu’à cela ne tienne, nous allons modifier le programme de la journée de lundi.

Mais revenons à dimanche, jour 1/5 de ce voyage. Nous avons réservé un gîte à Ustaritz. Arrivées sur place, personne. Florence téléphone : « mais je vous ai envoyé les consignes par mail ». Oui, sauf que je n’ai aucun moyen de consulter mes mails. Nous arrivons à entrer, le lieu n’est pas idyllique, besoin d’un sérieux rafraîchissement mais c’est pour une nuit.

Il est encore tôt, nous allons donc visiter un peu le pays de Labourd : Cambo, son église avec la triple tribune en bois, commentaires sur les rites funéraires en Labourd. Le bas Cambo, son fronton, son pont romain. Espelette, découverte d’une serre pleine à craquer de plants de piments d’Espelette (preuve qu’il s’agit bien d’une production locale) et crunch de Flo pour la maison du producteur, un verre et quelques bricoles à picorer en terrasse, Ainhoa au soleil couchant, commentaires sur les stèles discoïdales. Quelques photos ? Voici.