Jour 4 – Le pédiluve à mérous

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Là, c’est juste parce que je vous connais un peu : « Comment ? Tu étais à 30 km de la Méditerranée et tu n’as pas mis un orteil dans le sable ? Nan ? ».

Si.

Enfin, non, parce que je vous connais. Alors j’y suis allée, au pédiluve à mérous. Mais c’est bien pour vous. Là.

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Faut dire qu’entre 10 et 15 ans, j’ai eu autant de plage(s) que je pouvais en vouloir. Et vous le savez : au ressassement sempiternel des mêmes plaisirs connus, je préfère toujours la nouveauté, quitte à risquer une déception. Si l’on ne prend jamais le risque de la déconvenue, on s’interdit du même coup les rencontres, les belles surprises, les découvertes, bref : ce qui vous donne mille bonnes raisons de ne pas acheter tout de suite deux mètres de corde.

J’avoue humblement que si j’ai choisi la mer ce lundi 22 septembre (« aujourd’hui je m’en fous », chantait Brassens), c’est aussi à cause du temps.

« Oh, vous savez », m’avait dit le serveur du café-resto de Lanjarón où j’avais commandé un secreto ibérico, « ici il ne pleut pratiquement jamais ».

Ce n’est pas que je n’aie pas confiance dans les serveurs de brasserie, mais je n’ai pas pris de dessert et je suis rentrée très vite à l’hôtel parce que j’étais en espadrilles.

Bien m’en a pris. L’orage a éclaté au moment où je passais la porte. Le massif entier était dans la tourmente, mais au loin vers le Sud on voyait une éclaircie.

J’ai roulé vers le soleil. Motril d’abord, parce que c’est là que débouche l’autovía. Le nom de Motril m’évoque un souvenir de collège, pas très précis, mais dans un texte d’étude en cours d’espagnol, le personnage, un gamin pauvre, parlait ou rêvait de Motril comme du Paradis terrestre.

Je ne me suis pas arrêtée à Motril, sauf pour faire le plein d’essence. Vu dans ce sens de circulation, la ville ressemble à une immense zone commerciale et portuaire : pas très engageant. J’ai poussé un peu plus loin, jusqu’à un village sans grand charme, Torrenueva, écartelé par la route nationale qui le traverse. J’ai suivi le panneau « playa » et j’ai débouché sur une plage comme je les aime : sans club Mickey, sans poste de secours, sans churros ni senteurs de frite. Avec un sable gris et grossier, neuf grand-mères qui tricotaient à l’ombre, quelques retraités en maillot de bain qui bronzent ou pêchent à la ligne, la mer, des palmiers (quand même !) et là-bas, au loin, la montagne.

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Puis je suis repartie en sens inverse, vers l’Ouest, jusqu’à Almuñécar, où aborda voici bien longtemps un réfugié syrien à qui on ne demanda pas ses papiers mais qui régna pendant 31 ans sur le pays, entouré d’artistes et cultivant lui-même la poésie. Abd el Rahman 1er, dit « Le Juste », fondateur de la dynastie des Omeyyades, premier émir de Cordoue, a sa statue sur le rocher qui surplombe la plage de graviers et de galets.

Beaucoup de vent ce soir-là, ce qui semblait ravir les mouettes. Au-dessus du rocher, elles prenaient un plaisir manifeste à faire du toboggan sur les courants aériens. L’une d’entre elles a fait du sur-place pendant plus d’une minute. Un pêcheur rentrait sa barque à l’aide de l’antique treuil manuel qui équipe ce tout petit bout de port de pêche. Autour de la plage, les bistrots étaient manifestement en roue libre après la pleine saison. Le soleil commençait à se cacher derrière les rochers quand je suis repartie pour Lanjarón.

Demain, première virée grenadine.

Quelques images d’Almuñécar pour prouver que j’y étais. Et je n’ai pas vu de mérou.

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P.S. : je dois le titre de ce billet à mon excellent confrère et ami Franpi